Permis de conduireRodéo urbain : saisie et confiscation du véhicule – Ce que change la circulaire du 9 mai 2025

28 juillet 2025

Le phénomène des rodéos urbains – conduites dangereuses de deux‑roues ou de voitures sur la voie publique – mobilise toujours les pouvoirs publics. Après la loi n° 2018‑701 du 3 août 2018, qui a inséré dans le Code de la route les articles L.236‑1 à L.236‑3, le ministère de la Justice a publié la circulaire CRIM 2025‑9/E1 (couramment appelée circulaire DACG 2025-9) du 9 mai 2025. Objectif : favoriser la saisie puis la confiscation des véhicules impliqués et rendre cette sanction systématique.

Enlèvement d'un véhicule par les forces de l'ordre pour mise en fourrière - La circulaire du 9 mai 2025 systématise cette procédure pour les rodéos urbains

Qualification pénale du rodéo urbain

Définition du rodéo urbain : le fait d’effectuer, seul ou à plusieurs, des manœuvres répétées mettant en danger la sécurité des usagers ou qui troublent la tranquillité publique. Il s’agit donc d’une infraction particulière large permettant d’incriminer bon nombre de comportements (wheelings, accélérations brutales, drifts, etc.).

Peine principale : 2 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende, portée à 5 ans et 75 000 € en cas de circonstances aggravantes (alcool, stupéfiants, récidive, réunion).

Peines complémentaires (art. L. 236-3) : suspension ou annulation du permis, stage de sensibilisation, confiscation du véhicule.

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Saisie / confiscation : quelles différences ?

Quand ? Qui décide ? Effet pratique
Saisie Dès la commission de l’infraction et l’ouverture de l’enquête Officier de police judiciaire sur instruction du parquet Immobilisation / fourrière provisoire afin de préserver la possible confiscation.
Confiscation À compter du jugement (tribunal correctionnel) Juge pénal Transfert définitif de propriété à l’État ; le véhicule peut être détruit ou vendu.

Avant la circulaire : un dispositif sous-utilisé

Caractère obligatoire en théorie, rare en pratique.
Depuis 2018, l’article L.236‑3 rendait la confiscation obligatoire, sauf décision spécialement motivée du tribunal. 

Selon le ministère de la Justice, la peine complémentaire de confiscation des véhicules litigieux en matière de rodéo urbain est jugée insuffisamment appliquée :

Problème constaté Conséquence pratique
Enquêteurs peu formés à la saisie immédiate Véhicules restitués avant jugement
Coût du gardiennage en fourrière Parquets réticents à immobiliser longtemps
Manque de coordination parquet-juridiction Confiscations non prononcées malgré la loi

Les apports majeurs de la circulaire DACG 2025-9

  • « Mobilisation totale » des parquets

Le garde des Sceaux exige une application « systématique » de la saisie dès l’ouverture de l’enquête. 

  • Confiscation obligatoire et anticipée

« La confiscation obligatoire du véhicule ayant servi à commettre l’infraction constitue un outil incontournable dans la lutte contre la récidive. » 


Les parquetiers sont invités à
demander la confiscation lors du réquisitoire et à convaincre le tribunal de son prononcé, sauf impossibilité matérielle.

  • Destruction ou vente avant jugement

En vertu de l’article 41-5 du Code de procédure pénale, le ministère encourage la destruction ou la vente anticipée pour éviter les coûts de fourrière – solution déjà pratiquée pour les délits routiers graves.

  • Partenariats avec les collectivités

Les procureurs doivent négocier des protocoles avec les mairies disposant de fourrières afin d’obtenir la garde gratuite des véhicules saisis et réduire les frais de justice.

Conséquences concrètes pour les conducteurs

Risque Détail
Perte définitive du véhicule Confiscation obligatoire, même si le véhicule appartient à un tiers de bonne foi (sous réserve d’actions en revendication)
Amende et prison Jusqu’à 75 000 € et 5 ans en cas d’aggravation
Suspension / annulation de permis 3 ans maximum (voire plus en récidive)
Frais annexes Fourrière, expertise, frais de justice – rarement récupérables

Comment se défendre ?

À ce jour, les juridictions demeurent souvent réticentes à prononcer la confiscation lorsque le véhicule n’appartient pas directement à l’auteur des faits. Nombre de prévenus tentent donc d’aliéner le véhicule entre la commission de l’infraction et l’audience — délai de plusieurs mois, le plus souvent — pour échapper à cette peine complémentaire. 

 

C’est précisément pour contrer cette pratique que la circulaire du 9 mai 2025 enjoint les parquets à saisir le véhicule dès l’ouverture de l’enquête. Une fois la saisie opérée, le véhicule et son certificat d’immatriculation, placés sous scellés, deviennent indisponibles : aucune vente ni cession n’est alors possible. La politique pénale s’adapte ainsi aux stratégies de défense les plus répandues, même si sa mise en œuvre rencontre encore ponctuellement des résistances.

 

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F.A.Q. Rodéo urbain : saisie et confiscation du véhicule

Puis-je récupérer mon véhicule avant le procès si mon véhicule est placé sous scellé ?

Oui, en adressant une requête en restitution au procureur de la République compétent si vous démontrez un motif légitime (travail, handicap) et si le parquet ne s’y oppose pas. La nouvelle circulaire tente toutefois de limiter ces restitutions.

Que faire si je ne suis pas le propriétaire ?

Le véritable propriétaire peut déposer une requête en revendication. Il doit prouver sa bonne foi.

Les saisies concernent-elles aussi les trottinettes ou quads ?

Oui : tout engin motorisé utilisé pour un rodéo peut être saisi (moto, scooter, quad, voiture, voire trottinette électrique bridée).