Depuis juillet 2024, les poids lourds nouvellement immatriculés doivent être équipés de plusieurs dispositifs de sécurité innovants. Ces mesures, issues du règlement européen GSR2, visent à améliorer la sécurité des usagers de la route et à réduire la gravité des accidents impliquant des véhicules lourds.
Ce renforcement répond à un constat préoccupant : en Europe, les poids lourds sont impliqués dans 14 % des décès sur la route, alors qu’ils représentent une faible part du parc automobile.
Désormais pleinement appliquée, cette réforme européenne transforme concrètement l’environnement juridique et technique des entreprises de transport.
Maître Minier, avocat en droit routier, vous éclaire sur ce qui est réellement exigé en 2025, les implications pour votre flotte, et les sanctions en cas de non-conformité.
- Quels sont les nouveaux dispositifs obligatoires en 2024 ?
- Pourquoi renforcer la sécurité des poids lourds avec ces dispositifs ?
- Quels impacts pour les entreprises de transport ?
- Sanctions en cas de non-conformité
- Comment préparer efficacement cette transition ?
- Une mesure clé pour une sécurité renforcée
- FAQ – Sécurité des poids lourds (2025)

Quels sont les nouveaux dispositifs obligatoires depuis 2024 ?
Tous les poids lourds neufs immatriculés après le 7 juillet 2024 doivent intégrer plusieurs systèmes d’aide à la conduite et de surveillance. Ces dispositifs sont imposés par le règlement (UE) 2019/2144, dit GSR2 (General Safety Regulation II), applicable dans toute l’Union européenne.
Parmi les dispositifs désormais obligatoires :
- Assistant intelligent de vitesse (ISA) : détecte automatiquement les limitations de vitesse via GPS et lecture des panneaux. Il alerte le conducteur en cas de dépassement, et peut, selon les modèles, limiter la vitesse du véhicule.
- Boîte noire (enregistreur de données – EDR) : enregistre des informations clés (vitesse, freinage, trajectoire) avant un accident, facilitant l’analyse en cas de sinistre ou d’expertise judiciaire.
- Détection de marche arrière : une caméra ou un radar signale les obstacles lors des manœuvres.
- Signal de freinage d’urgence : clignotement rapide des feux stop en cas de freinage brusque.
- Surveillance de la pression des pneus : alerte en cas de sous-gonflage ou perte de pression.
- Alerte de franchissement involontaire de ligne : signale un franchissement de voie non intentionnel.
- Détection de somnolence et perte d’attention : surveille les signes de fatigue du conducteur.
- Pré-équipement pour éthylotest antidémarrage (EAD) : tous les véhicules neufs doivent désormais être compatibles avec l’installation d’un EAD.
Ces équipements visent à renforcer la sécurité active, en assistant le conducteur et en réduisant les risques d’accident liés à l’inattention, à la vitesse ou aux angles morts.
⚠️ En France, l’autocollant “Angles morts” est une obligation légale.
L’article R.313‑32‑1 du Code de la route (issu du décret n° 2020‑1396 du 17 novembre 2020) impose que les véhicules de plus de 3,5 t soient dotés d’une signalisation matérialisant les angles morts visible sur les côtés et à l’arrière. Ce marquage est particulièrement important en zone urbaine, où la cohabitation avec les usagers vulnérables s’accompagne de mesures complémentaires, telles que la limitation à 30 km/h.
Un guide officiel de la Sécurité routière détaille les règles de pose et les modèles autorisés.
Pourquoi renforcer la sécurité des poids lourds avec ces dispositifs ?
Les accidents impliquant des poids lourds, bien que moins fréquents que ceux impliquant des voitures particulières, ont souvent des conséquences dramatiques en raison de la masse et de l’inertie des véhicules concernés. Les usagers dits « vulnérables » — piétons, cyclistes, deux-roues — sont les plus exposés, en particulier en milieu urbain.
Ce durcissement réglementaire s’inscrit dans une stratégie européenne de long terme, baptisée Vision Zero, qui vise à éradiquer les décès et blessures graves sur les routes d’ici 2050, avec une étape intermédiaire de réduction de 50 % des tués entre 2021 et 2030.
Les équipements désormais imposés sur les véhicules lourds doivent permettre :
- d’améliorer la détection des obstacles et des usagers vulnérables,
- de corriger les erreurs de conduite (vitesse excessive, trajectoire, inattention),
- de recueillir des données objectives en cas d’accident,
- et de renforcer la responsabilisation du conducteur au quotidien.
Quels impacts pour les entreprises de transport ?
Pour les transporteurs, cette réforme implique une adaptation rapide. Tous les nouveaux véhicules achetés après le 7 juillet 2024 doivent être équipés des dispositifs imposés par le règlement GSR2.
Cela représente un investissement initial non négligeable : les technologies embarquées, les capteurs, les systèmes d’alerte et les interfaces de surveillance font grimper le coût d’acquisition.
Mais à long terme, ces dispositifs peuvent contribuer à réduire le nombre d’accidents, les frais d’assurance et les coûts liés aux sinistres.
Ces équipements sont désormais indispensables pour rester en conformité avec la réglementation.
En parallèle, les entreprises doivent s’assurer que leurs conducteurs sont formés à l’utilisation de ces outils, faute de quoi les dispositifs peuvent être mal interprétés, désactivés ou sous-utilisés.
Sanctions en cas de non-conformité
En cas d’absence ou de dysfonctionnement d’un ou plusieurs dispositifs obligatoires, le véhicule est considéré comme non conforme à la réglementation européenne.
En France, cette situation peut entraîner :
- une amende jusqu’à 750 € pour le conducteur (contravention de 4e classe),
- une amende jusqu’à 3 750 € pour l’entreprise,
- une immobilisation du véhicule jusqu’à mise en conformité,
- une contre-visite obligatoire, si le défaut est constaté lors du contrôle technique.
Les autorités peuvent également transmettre le constat de non-conformité à l’administration des transports, ce qui peut fragiliser les démarches de renouvellement ou d’obtention d’une autorisation d’exploitation.
Comment préparer efficacement cette transition ?
Un an après l’entrée en vigueur des nouvelles obligations, il est encore temps pour les entreprises qui n’ont pas anticipé la réforme de s’adapter.
Voici les étapes clés pour vous mettre en conformité efficacement :
- Vérifiez la conformité de votre flotte : tous les véhicules immatriculés depuis le 7 juillet 2024 doivent intégrer les équipements GSR2. Pour les autres, certains dispositifs peuvent être installés a posteriori.
- Sensibilisez vos conducteurs : une formation adaptée permet de comprendre le fonctionnement des dispositifs (ISA, alerte de franchissement de ligne…) et d’adopter les bons réflexes en cas d’alerte.
- Anticipez les contrôles : mieux vaut prévenir les immobilisations en entretenant les capteurs, caméras et logiciels embarqués.
- Restez informé : les obligations légales évoluent. Tenez-vous régulièrement à jour des nouvelles exigences réglementaires applicables aux véhicules lourds et à leur équipement de sécurité.
La conformité ne se limite pas à l’achat de véhicules neufs : c’est une démarche continue, qui engage toute l’entreprise.
Une mesure clé pour une sécurité renforcée
L’obligation des nouveaux dispositifs de sécurité représente une avancée significative pour la sécurité routière en Europe.
Un an après leur entrée en vigueur, ces mesures s’imposent comme un nouveau standard professionnel pour les transporteurs.
Bien que leur mise en œuvre implique des ajustements techniques et organisationnels, les bénéfices à long terme — en matière de prévention des accidents, de conformité et d’image de marque — justifient pleinement ces investissements.
👉 En 2025, se mettre en conformité ne relève plus de l’anticipation, mais de la nécessité opérationnelle et juridique.
F.A.Q. Sécurité des poids lourds
Les poids lourds immatriculés depuis le 7 juillet 2024 doivent intégrer plusieurs dispositifs de sécurité :
- Assistant intelligent de vitesse (ISA).
- Boîte noire (enregistreur de données – EDR).
- Détection de marche arrière.
- Signal de freinage d’urgence.
- Surveillance de la pression des pneus.
- Alerte de franchissement involontaire de ligne.
- Détection de somnolence et perte d’attention.
- Pré-équipement pour éthylotest antidémarrage (EAD).
Certains dispositifs peuvent être ajoutés à un poids lourd existant (caméras, radars…), mais tous ne sont pas techniquement compatibles avec les anciens modèles. Un diagnostic est recommandé.
Une amende pouvant aller jusqu’à 3 750 €, l’immobilisation du véhicule et une contre-visite obligatoire peuvent être prononcées. L’entreprise reste responsable, même si le défaut concerne un véhicule neuf.
Non, l’installation n’est pas systématique, mais tous les véhicules neufs doivent désormais être pré-équipés pour en permettre l’installation si nécessaire (par exemple en cas de décision judiciaire).
Non, le règlement GSR2 est une norme européenne applicable dans tous les pays membres de l’Union européenne. Tous les constructeurs doivent s’y conformer pour pouvoir commercialiser leurs véhicules.